Nathalie B. de Fraissinette

Je n’ai pas vu le rideau de fer tomber...


     

 

1987, je visionne « Les Ailes du Désir » de Wim Wenders. C’est la première fois que je me promène dans la ville de Berlin encore divisée. Je garde un souvenir ébloui des anges qui peuvent traverser sans peine les murs, le Mur. Je me souviens de la scène de la Staatsbibliothek, de la musique mêlée aux murmures en langue allemande et du conteur errant dans le no man’s land de la Potsdamer Platz.

Septembre 1998, je rends visite à un ami qui vit à Berlin. La Potsdamer Platz est un immense chantier à ciel ouvert. L’été s’achève. L’ambiance est douce et décontractée. J’aime d’emblée l’énergie de cette ville, sa jeunesse, son architecture, ses friches, ses espaces verts, ses bâtiments écologiques et … l’odeur de son métro. Je me sens bien, dans mon élément, un élément familier. Je me remets à photographier après deux ans d’interruption.

Au fil de mes séjours, je prends conscience que le présent de cette ville la renvoie immanquablement à son passé. A Berlin-Est, on débaptise les rues, on déboulonne les statues, on détruit le Palais de la République, (édifice emblématique de l’ancienne RDA) et on efface les peintures de l’East Side Gallery  pour les repeindre à l’identique. Que choisit-on de conserver ou de faire disparaître ?

Novembre 2008, je pars à Berlin pour y photographier les traces du mur et tenter de saisir toutes ces mutations qui font de Berlin « la ville des mémoires entrecroisées » selon l’expression d’Emmanuel Terray.

Je ne sais plus où je me trouvais le jour de la chute du mur. Cela n’est pas mon histoire, et pourtant, c’est la mienne.

Nathalie B. de Fraissinette.

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Autodidacte de la photographie, Nathalie Brugerolle de Fraissinette est née à Lille en 1964. Elle vit et travaille à Paris.

Tirages argentiques 24X30, signés et limités à 8 exemplaires, disponibles à la vente, exposés à l'atelier du 3 novembre au 11 décembre 2009.